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 Ce commentaire provenant des groupes de discussion illustre bien ce dilemme : « nous aussi va falloir revoir notre offre de services et nos attentes quand la pandémie va être terminée, parce que y a des choses qu’on pourra pu offrir comme on le faisait avant, ça nous ramène aussi à revoir nos balises intervention : jusqu’ou on va ? Puis jusqu’ou on veut aller en fait pour vraiment, réellement aider les gens et non pas les préserver dans la situation où ils sont en ce moment.Alors ça n’a pas été vraiment évident parce qu’avant Willie, c’était vraiment un lieu de répit, y avait quand même un esprit plus communautaire, plus familial, quand on ouvre des locaux beaucoup plus grands, quand qu’on ouvre à aussi une clientèle beaucoup plus large, voilà c’est sûr que là nos services ont un visage totalement différent ».
On voit cependant bien –ne serait-ce qu’à travers ces difficultés vécues ChezWillie-- toute la portée de la démarche de la sécurisation culturelle, puisqu’en partant de demandes de base concernant la santé,les services sociaux ou même l’éducation,on cherche à s’adresser à la fierté d’affirmation de tout un peuple, à ses volontés d’émancipation collective, à la manière qu’il a –à travers sa propre culture-- de poser un regard original sur le monde.
Et c’est ce qui est apparu ici si fécond en ces temps de pandémie : le souci du collectif, le souci du communautaire, le souci de penser le « nous » à travers une culture fièrement revendiquée, ont stimulé le CAAVD a être beaucoup plus attentif à la dimension sociale et communautaire des besoins humains qui se sont exprimés si vivement lors de la pandémie.
Dans la société allochtone et pendant la pandémie, ce n’est qu’avec beaucoup de peine qu’on a pris en considération cette dimension, pourtant si profondément affectée et bousculée-- par les logiques du confinement. Certes on a bien cherché à renforcer le nombre de psychologues ou encore à revaloriser à la marge les salaires des infirmières ou des préposés aux bénéficiaires, mais ce qui a structuré les grandes orientations du gouvernement de la province, malgré tout ce sont d’abord les intérêts économiques, et les appels au secours des pédiatres, des travailleurs sociaux, ou des artistes ont finalement été peu ou pas entendus. Qu’il suffise de penser lors du couvre-feu à la difficulté qu’a eue le Premier ministre à penser au sort des itinérants pour les exempter de ses contraintes!
À cause des priorités de sécurisation culturelle qu’il s’était données, le CAAVD poursuivait un tout autre objectif, et qui le rendait d’autant plus sensible à porter attention aux défis posés par la pandémie ainsi qu’à y trouver des parades adéquates. La sécurisation culturelle a ainsi orienté son approche d’une toute autre manière, on aurait envie de dire ici d’une manière plus humaine, en tout cas plus holistique, plus bienveillante. Comme si ainsi, avec cette préoccupation d’affirmation identitaire et collective, il s’était trouvé beaucoup plus conscient de la fragilité des siens et plus encore... de tout ce dont les êtres humains pouvaient avoir besoin en ces temps de pandémie.
GRF RECHERCHE/ÉVALUATION CENTRE D’AMITIÉ AUTOCHTONE DE VAL-D’OR
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