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nous pouvons en partie remédier à cet état de fait, ne serait-ce que par le télétravail ou des rencontres de type « Zoom » ou « Team », il reste que nous en souffrons tous, et qu’il nous en coûte de ne plus nous retrouver « en présentiel », de ne pas être physiquement ensemble, de ne pas pouvoir faire communauté. À tel point d’ailleurs que ce n’est pas un hasard si psychiatres et psychologues ne cessent d’insister sur les risques de dépression ou de maladies mentales qu’a fait dangereusement croître le confinement obligé pour nombre de personnes.
Or c’est justement, pour les Autochtones urbains de Val-d’Or, ce que le Centre cherche à promouvoir par le biais de l’approche de la sécurisation culturelle : le renforcement du sentiment communautaire, le renforcement des liens, mais aussi du sens qui peut être donnée à la vie d’une communauté et dont il revient à la culture de rendre compte.
Car pour le Centre, la sécurisation culturelle correspond d’abord à une démarche collective qui va certes chercher à réduire les écarts et les inégalités qui existent entre la population autochtone et la population canadienne et québécoise en matière de santé comme en d’autres domaines, mais toujours sur la base de la reconnaissance et de l’affirmation pleine et entière des manières de faire et des spécificités de la culture autochtone. C’est ainsi que tout en reconnaissant les effets durables de la colonisation et des discriminations systémiques qui en découlent, comme les déséquilibres de pouvoirs existant entre la société dominante et les Autochtones, le CAAVD cherche à participer à un vaste mouvement collectif et communautaire de transformation et d’innovation sociale autochtone s’inscrivant dans une intention claire et légitime d’affirmation identitaire et de gouvernance autochtone45.
Il ne s’agit donc pas simplement de demander, comme on le croit trop souvent, que les Autochtones du Québec puissent avoir accès aux services sociaux,de santé,ou d’éducation offerts au Québec, dans leur langue ou en compagnie d’un médiateur ou d’une interprète qui au passage renseignerait le personnel soignant sur leurs us et coutumes. À travers cette exigence de la sécurisation culturelle voulant que soient fournis des services plus adaptés aux membres des communautés autochtones, mais aussi et surtout que ceux-ci puissent être pris chaque fois plus en charge par les Autochtones eux-mêmes, il s’agit de participer à l’affirmation comme à la revalorisation et reconnaissance d’une culture encore trop oubliée, et ainsi de se donner les moyens à terme d’une véritable autonomie.
45 Voir la définition utilisée par le CAAVD : « La sécurisation sociale et culturelle est une démarche d’affirmation, de transformation et de réconciliation qui vise à réduire les écarts et les inégalités qui existent entre la population autochtone et la population canadienne et québécoise en matière de santé comme en d’autres domaines. Elle reconnaît la légitimité de la différence sociale et culturelle des Autochtones. Elle considère les effets durables de la colonisation, du racisme systémique et du traumatisme intergénérationnel qui en découle. Elle propose une réponse au déséquilibre de pouvoirs qui existe entre la société dominante et les Autochtones. Cette démarche traduit aussi une volonté collective et communautaire de transformation et d’innovation sociale de la part des Autochtones, puisqu’elle vise la réduction des inégalités, elle repose sur le principe fondateur de la justice sociale, et surtout, elle s’inscrit dans une intention claire et légitime d’affirmation politique et identitaire, de gouvernance autochtone ». Lévesque, Carole. 2017. Institut national de la recherche scientifique (INRS). « Présentation de la démarche de sécurisation culturelle ». Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics du Québec.Val-d’Or. 17 octobre 2017. [En ligne]. https://www.cerp.gouv.cq.ca. (consulté le 15 février 2021).
GRF RECHERCHE/ÉVALUATION CENTRE D’AMITIÉ AUTOCHTONE DE VAL-D’OR
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