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ÉVALUATION DE L’INTERVENTION DU CAAVD EN TEMPS DE PANDÉMIE (PHASE 1)
SECTION 3 : L’analyse des principaux constats
dépenses de consommation de base-- d’encouragement à consommer : « Oui, on a aidé les familles. Mais on a mis des plasters sur des brûlures qui saignaient avec du feu »43 .
Ce qui a donc amené aussi les intervenants à réfléchir à des interventions plus ajustées touchant en particulier à la vie communautaire à Kijaté : « À Kijaté, qu’est-ce qu’on veut faire avec les familles? Qu’est-ce qu’on leur demande comme implication dans une vie communautaire ? Moi, je pense qu’il faut vraiment se re-questionner là-dessus, puis se dire : « bien, comment, comme équipe, on planche là-dessus ? » Puis : « quel est le rôle de chacun des membres de l’équipe dans ce nouveau mandat qu’on va se donner ? ». Parce que si les mandats semblent clairs pour les équipes, après ça, c’est comment ça se déploie sur le terrain ? Bien là, il y a ces deux choses différentes parfois (...) ».
On le voit à travers ces exemples que l’on pourrait par ailleurs multiplier, le CAAVD, en est venu à porter particulièrement attention à la question du « care », du prendre soin, et du prendre soin des plus démunis ou vulnérables, et au-delà –en ces temps de pandémie qui en exacerbent tous les enjeux-- à la question vitale du lien social et par conséquent à la question de l’approche communautaire qui s’attache précisément à le renforcer et le développer.
Or cette attention portée au « care » si nécessaire en temps de pandémie, le CAAVD la doit sans doute à la capacité qu’il a eue de préserver le cap de la sécurisation culturelle et de ses exigences.
3.2.3 La capacité à préserver le cap de la sécurisation culturelle et de ses exigences.
On touche là peut-être à un des seuls mérites qu’a pu recéler la pandémie, celui de nous faire réaliser l’importance –pour les communautés humaines-- de la question sociale, du lien social, et partant de tout ce qui le favorise et concerne le communautaire. Car tous les exemples sur lesquels nous nous sommes arrêtés le montrent bien : la pandémie et surtout le confinement qu’elle appelle, non seulement fragilisent ceux et celles qui sont les plus démunis, mais aussi plus fondamentalement s’attaquent de plein fouet à une dimension pourtant fondamentale de l’être humain : sa dimension proprement sociale, et donc ses besoins intrinsèques « de sens et de liens »44. Car en étant conçu pour mieux nous protéger d’un virus létal, le confinement pousse tout un chacun à la distanciation physique, mais aussi sociale, il incite, oblige à l’isolement, à la vie en bulles étanches, à la séparation d’avec autrui. Et si bien sûr, grâce à la toute puissance des technologies internet,
43 Commentaire d’un employé distributeur de boites. (Document-bilan des mesures prises par le CAAVD, produit par le Centre.
44 En ce qui concerne la communauté des Autochtones résidant en ville de Val-d’Or, c’est précisément ce à quoi répond la mission du CAAVD : offrir du sens et des liens! En effet trouver un sens à sa vie, c’est trouver les mots pour dessiner une certaine cohérence au récit qu’on peut faire de sa vie (à soi et aux autres), mais c’est aussi et en même temps expérimenter ce sens, le tester le vivre, à travers des liens bien concrets que l’on a la possibilité de nouer ici et maintenant : par exemple dans une famille, ou une communauté donnée. La question du sens nous renvoie donc inexorablement à la façon dont nous sommes reliés avec autrui et dont nous formons groupe ou collectivité.Voir Mouterde Pierre. 2017, Les stratèges romantiques, Remédier aux désordres du monde contemporain, Montréal, Écosociété, (p. 173).
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