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 ÉVALUATION DE L’INTERVENTION DU CAAVD EN TEMPS DE PANDÉMIE (PHASE 1)
SECTION 3 : L’analyse des principaux constats
un certain nombre de dangers, dont notamment celui de l’isolement, et dans un autre domaine celui de la surcharge de travail, en particulier pour les femmes travaillant en confinement à la maison29.
Peut-être est-ce ce qui explique les demandes que nous avons entendues plusieurs fois, pour que soient planifiées plus de rencontres ou de conversations virtuelles qui soient d’abord « sociales », de manière à « rajouter de la légèreté » et « une dimension festive » qui a paru manquer à certains ou certaines30. Dans la même veine, mais cette fois-ci au niveau du travail proprement dit, on a aussi fait ressortir l’importance d’un groupe focus31 mené en juin qui a permis de répondre au besoin « de se parler », « de se voir, de partager le vécu qu’on est en train de vivre (...) de prendre le temps de s’arrêter pour prendre le pouls »32, en somme de « décloisonner les services et les lieux d’échange », et de permettre « que tout le monde soit au courant » (...) pour avoir une vue globale de ce qui se passe au Centre (...) D’autant plus si la période de la pandémie s’allonge ».
En effet, la mise en route de la nouvelle structure organisationnelle dans une telle période, si elle a pu paraître comme un défi stimulant, n’en était pas moins gênée par un contexte pandémique hostile, rendant plus difficiles les échanges, les rétro-actions, la transversalité si nécessaire, dans le nouveau modèle d’intervention, entre gestionnaires et intervenants sur le terrain. Et nous avons entendu, venant des personnes agissant sur le terrain, certaines remarques touchant au manque de communication et à la difficulté de mettre en application de manière concrète les nouvelles manières de faire « qui commencent à arriver »33. Et cela, même si avait été pourtant pensée en avril une période d’intégration progressive et avaient été multipliés --comme on nous l’a aussi rappelé-- inter-actions et feed-backs entre gestionnaires et agents sur le terrain. Sans parler du fait qu’il faut par ailleurs faire d’importantes nuances en ce qui concerne les différents espaces
29 Voir à ce propos l’entrevue de Dominique Méda, Professeur de sociologie à l’université Paris Dauphine et professeure associée en relations industrielles à l’université du Québec en Outaouais : « Je voudrais cependant insister sur les risques d’une trop grande extension du télétravail. Le risque d’isolement est évident : moins de contacts avec les collègues, mais aussi moins d’interactions, moins d’informalité, moins d’échanges souvent très importants autour de la machine à café, dans les couloirs ou en fin de réunion, moins de possibilités de s’informer, de partager des doutes, d’aider ou de se faire aider. Il y a aussi un vrai risque de surcharge de travail, car lorsque l’on est seul face à son patron ou son superviseur, on risque de ne pas pouvoir dire non. Mentionnons deux autres problèmes : la configuration familiale et le logement. Pendant le confinement, certains télétravailleurs avaient de jeunes enfants à la maison, ce qui a signifié une double charge pour les femmes ; certains parlent d’une véritable régression, car, à nouveau, ce sont les femmes qui ont assuré ce surcroît de travail domestique et familial. Il y a aussi des différences dans la configuration du logement : l’enquête COCONEL de l’INED rapporte un résultat franchement désolant : 25 % des femmes cadres disposaient d’une pièce dédiée pour télé-travailler contre 47 % des hommes cadres télétravailleurs (...) ». https://www.cahiersdusocialisme.org/substituer- le-prendre-soin-a-la-conquete-et-de-lexploitation/
30 Extraits de groupes de discussion.
31 Ce groupe focus fut une initiative des conseillères en programme, afin de recueillir des données qui leur étaient nécessaires pour réaliser des bilans.
32 Extraits de groupes de discussion.
33 Voir à ce propos certaines justifications qui ont pu être apportées et qui, même si nous n’en partageons pas nécessairement le bien-fondé au regard d’autres informations recueillies, n’en sont pas moins révélatrices de certaines difficultés ressenties dans un contexte où sont menés de front « organisation COVID-19 » et nouveau développement organisationnel : « (...) Les gens qui pensaient, inventaient, qui rêvaient le futur ont une grande difficulté à modeler le concret dans la réalisation et dans la modification terrain. C’est clairement deux types de gens qui n’ont pas les mêmes forces (...) » Extrait d’un groupe de discussion.
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