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 centres d’amitié autochtone du Québec, a pu dès le début voir reconnus comme étant essentiels5, les services qu’il offrait, il n’en demeure pas moins qu’il se trouvait devant une situation exceptionnelle, tout à à la fois imprévue et lourde de défis et de responsabilités jusqu’alors inconnues.
Qu’il suffise de rappeler à ce propos comment la pandémie a soudainement fait ressortir l’extrême vulnérabilité de populations entières peu ou pas préparées à vivre une situation de confinement, avec toutes les inéluctables inquiétudes collectives et traumatismes liés non seulement à l’isolement obligé, ou encore à la peur d’une maladie inconnue et aux risques accentués de mort appréhendée, mais aussi à l’incertitude économique, à la perte de son travail ou de ses revenus habituels de vie; et plus encore, si l’on appartient à des populations, comme les populations autochtones vivant en communautés, ou encore en milieu urbain, déjà marginalisées et en position de beaucoup plus grande fragilité économique, sociale et culturelle6.
Les témoignages des intervenants du Centre sont là pour le confirmer. La pandémie et les mesures de confinement et d’isolement qu’elle a provoquées,si elles ont stimulé les réflexes de résilience communautaire des Autochtones, ont aussi avivé et exacerbé nombre des difficultés qu’ils pouvaient préalablement connaître : augmentation de la consommation; multiplication des symptômes d’anxiété ou d’états dépressifs (augmentation des psychoses et de l’agressivité); accroissement des violences familiales et conjugales; problèmes de logement et développement de conflits de voisinage; accentuation du décrochage scolaire; augmentation des situations d’itinérance et de « couchsurfing », etc.
Or c’est ce à quoi, il faut ici prêter attention, surtout quand il en va d’un organisme comme le CAAVD qui se dédie à offrir des services sociaux ou de santé aux membres des Premières Nations vivant en milieu urbain. Si l’imposition de règles de confinement décrétées par le gouvernement a permis de protéger minimalement la population du Québec, il a en même temps imposé durablement la distanciation sociale et la séparation d’avec autrui, favorisé l’isolement des corps, obligé au repli sur soi ou sur sa seule bulle familiale, c’est à dire il a poussé à faire fi de tout ce qui d’habitude est au coeur de l’intervention du CAAVD et lui donne sa force et sa spécificité : le renforcement du lien social et culturel et la stimulation de la solidarité collective par le biais d’une intervention
5 La pandémie de la COVID-19 aura en effet permis aux Centres d’amitié autochtone du Québec, de se voir attribuer le statut d’organismes de services essentiels, ce qui représente un pas de plus vers la reconnaissance gouvernementale des services offerts par les Centres d’amitié autochtone.
6 Il est intéressant de noter que l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) fait remarquer dans une étude publiée le 30 octobre 2020, que « la pandémie de la COVID-19 et ses répercussions économiques et sociales ont fait ressortir les inégalités sociales et de santé qui rendent les communautés autochtones particulièrement vulnérables à la pandémie et à ses conséquences » On y note cependant en même temps que « face à la COVID-19, les représentants des communautés et des organisations autochtones ont rapidement pris des mesures et utilisé leurs connaissances pour protéger leurs populations (...) », notamment en misant « sur la résilience communautaire »; résilience qui peut être favorisée par des actions qui « considèrent la santé des populations autochtones dans une perspective holistique de la santé »; qui « informent les Autochtones du bilan COVID-19 de leur population pour mieux les outiller à promouvoir les mesures sanitaires et à prévenir les infections » (...); qui « soutiennent un processus de sécurisation culturelle des soins et des services pour favoriser un meilleur accès aux Autochtones (...)». Voir : https://www.inspq.qc.ca/sites/ default/files/publications/3075-resilience-autochtones-covid19.pdf
GRF RECHERCHE/ÉVALUATION CENTRE D’AMITIÉ AUTOCHTONE DE VAL-D’OR
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